La Garde Impériale trouve ses origines dans la Garde des Consuls, elle-même issue de la Garde du Directoire et de la Garde du Corps législatif. Le 28 floréal An XII (18 mai 1804), alors que le Consul vient de prendre le titre d'Empereur, la Garde des Consuls prend le nom de Garde Impériale, donnant ainsi naissance à l'une des plus célèbres légendes de l'épopée napoléonienne.
A l'origine, la Garde Impériale devait servir de garde personnelle à l'Empereur, mais elle devint rapidement un corps de réserve pour l'ensemble de la Grande Armée.
Ce corps d'élite par excellence, dont les effectifs ne cesseront d'augmenter au cours des campagnes, deviendra un corps d'armée à part entière, véritable armée dans l'armée.
Elle comprend des unités de toutes les armes, avec son infanterie, sa cavalerie, son artillerie à pied et à cheval, ses corps du génie et du train.
La Garde Impériale devait servir de modèle à l'armée et d'ultime réserve quand la victoire semblait tarder. La seule présence de cette phalange d'élite rassurait le reste de l'armée et la vue des célèbres bonnets à poils de la Vieille Garde massée en retrait, pesait sur les décisions des généraux adverses. Que la bataille vienne à prendre un mauvais tournant, et l'Empereur faisait donner la Garde ; on savait alors dans le reste de la troupe que ce corps prestigieux enfoncerait les lignes ennemies.
Si la cavalerie et l'artillerie de la Garde étaient souvent engagées en cours de batailles, l'infanterie de la Vieille Garde, avec ses grenadiers et ses chasseurs à pied, se contentait d'attendre, impassible, qu'un ordre leur soit donné. Mais si les fantassins de la Vieille Garde passaient à l'attaque, on savait qu'ils se feraient hacher sur place plutôt que de reculer, contrepartie des avantages dont ils bénéficiaient. La Garde faisait l'objet de toute l'attention et de toute la sollicitude de l'Empereur, ce qui n'allait pas sans susciter des réactions de jalousie et d'envie au sein de la Ligne
Tous les soldats étaient avides de faire partie de ce corps d'élite. Les soldats de la Garde percevaient une solde plus importante, portaient des uniformes mieux coupés et de qualité supérieure, et entre 2 campagnes, ils avaient de fortes chances d'être cantonnés à Paris.
Dès le début de son organisation, les conditions d'accès à la Garde impériale sont extrêmement sévères. D'une manière synthétique, on peut dire que l'admission d'un soldat dans la Garde est une récompense pour acte de bravoure ou de bonne conduite. Le corps ne sélectionne que des hommes en activité, ayant toujours témoigné d'une conduite irréprochable. Autre contrainte, les soldats destinés aux grenadiers à cheval et à l'artillerie doivent avoir la taille minimale de 1 mètre et 8 décimètres (5 pieds, 6 pouces) ; ceux versés dans les chasseurs à cheval et à pied doivent mesurer 1 mètre et 7 décimètres (5 pieds, 2 pouces). Tout individu détenteur d'une arme d'honneur, ou cité honorablement dans un rapport, sera néanmoins dispensé de la taille.
# Les Conditions D Entrée Dans La Garde :
Deux campagnes et six ans de service étaient nécessaires pour entrer dans la Garde. D'autre part, la robustesse et la haute taille (5 pieds, 6 pouces : Soit 1 m 78 ) devaient s'accompagner d'une très bonne notation et d'une grande moralité pour que le futur "GROGNARD" soit agréé par l'inspecteur Général d'Armés ou le Général Commandant le département, après avoir été désigné par le chef du corps auquel il appartenait.
# Les Privilèges :
Par un décret impérial du 20 septembre 1805 de nouvelles dispositions prennent effet :
Le Grenadier aurait le rang de Sergent dans la Ligne.
Le Caporal celui de Sergent-Major.
Le Sergent celui d'Adjudant
Le Sergent- Major celui de Sous-Lieutenant
Les Officiers, le grade supérieur à chacun des leurs.
En Campagne, la Garde avait toujours les meilleurs logements et le ravitaillement lui arrivait en priorité. L'esprit de corps dans la Garde était supérieur à celui de toutes les autres unités. Les conditions d'entrée dans la Garde étaient, au début de l'Empire, très rigoureuses. Les soldats et officiers étaient recrutés parmi ceux qui s'étaient distingués sur le champ de bataille ou qui pouvaient justifier d'un certain nombre d'années d'ancienneté dans la Ligne.
La Garde se distingue par une discipline exemplaire, fondée non sur la crainte de la répression, mais sur le sentiment du devoir à accomplir. La confiance et la sollicitude de l'Empereur vis-à-vis de la Garde excitent bien évidemment les autres corps de l'armée et provoquent parfois quelques jalousies. Unité d'exception, la Garde impériale possède ses propres colonels-généraux qui sont Bessières pour la cavalerie, Davout pour les grenadiers à pied, Mortier pour l'artillerie et le génie, et enfin Soult pour les chasseurs à pied. Elle dispose également d'un état-major particulier. Au début de la Campagne de Russie, la Garde Impériale, sous le commandement des maréchaux Bessières, Lefebvre et Mortier, compte 22 000 hommes. Le 19 août 1812, les 3 régiments d'infanterie de la Légion de la Vistule y seront attachés.
L'Infanterie De La Garde Se Divise En Deux Corps :
Celui des grenadiers et celui des chasseurs. Le corps des grenadiers est composé des régiments de grenadiers à pied (Vieille Garde), du régiment des fusiliers-grenadiers (Moyenne Garde) et des tirailleurs (Jeune Garde). Le corps des chasseurs comprend les chasseurs à pied (Vieille Garde), les Fusiliers-chasseurs (Moyenne Garde) et les voltigeurs (Jeune Garde). En 1811, la Jeune Garde est renforcée par la création d'un régiment de flanqueurs. Les fusiliers sont parfois classés en Jeune Garde ; l'appellation Moyenne Garde n'étant une distinction seulement retenue pour le paiement de la solde. L'infanterie de la Garde fera la Campagne de Russie sous les ordres des maréchaux Lefebvre pour la Vieille Garde et Mortier pour les deux divisions de la Jeune Garde. Elle représente une phalange d'élite de plus de 17 000 baïonnettes.
De cette armée « à part », l’Empereur veilla toujours jalousement à ce que rien ne fût imprimé. Même le journal militaire officiel ne publia jamais une seule ligne sur la Garde impériale ; ainsi, l’ennemi ne saurait jamais par quels moyens le « petit caporal » s’attachait ces soldats d’élite !
Les guerres incessantes entraînèrent une augmentation constante des effectifs, particulièrement après le désastre de 1812. Forte de 9.775 hommes en 1804, la Garde devait théoriquement compter 23.924 combattants en 1809 et, se développant sans cesse, atteindre 126.850 hommes en 1815. En fait, elle ne comptait que 17.498 soldats en janvier 1814 !
OBSERVATIONS ET REMARQUES GENERALES.
En juillet 1804, l'Empereur, passant dans la cour des Tuileries une revue de toute la garnison, décida que toute l'armée aurait une coiffure uniforme et qu'il faudra « abattre toutes ces tresses et toutes ces queues inutiles ». Quelques semaines après, il revint sur sa décision en faveur des régiments de la Garde dont la nomenclature est ci-après. C'est par un règlement daté du Pont-de-Brique (Boulogne), du 8 fructidor an XII (26 août 1804), adressé aux chefs de corps, que Napoléon ordonna que six corps de la Garde impériale porteraient seuls la queue, savoir :
1° Les grenadiers à pied,. 2° les chasseurs à pied; 3° les grenadiers à cheval; 4° les chasseurs à cheval; 5° l'artillerie et le train d'artillerie; 60 les gendarmes d'élite.
Par la suite, l'artillerie à pied et les fusiliers-grenadiers la portèrent également. Au sujet du port de la queue, nous dirons que les officiers appartenant aux corps désignés ci-dessus ne la portaient qu'en grande tenue de parade ou le jour d'une bataille. Le port en était facultatif pour les officiers: c'est dire qu'ils portaient une fausse queue. En effet, il faut bien admettre qu'en ce temps-là, comme à présent du reste, tel qui avait de longs cheveux à vingt-cinq ou trente ans, n'en avait plus ou presque plus à quarante. Le cas devait être le même pour les hommes, mais il était obligatoire, pour ces derniers, de porter la queue en toutes circonstances. Quant au port du sabre pour les régiments de Jeune Garde, il est très difficile de dire quels sont les corps qui, réellement, n'étaient pas armés de cette arme commune à toute l'infanterie. Du reste, les auteurs d'estampes ou de livres représentant ou ayant rapport à l'uniforme de ces divers corps, ne sont pas d'accord. Nous dirons donc que lorsqu'ils partaient en campagne, les régiments de Jeune Garde (sauf les pupilles qui n'en portèrent jamais) laissaient leurs sabres aux dépôts mais, qu'en temps de paix, ils le reprenaient pour la tenue de ville. Il est bon d'ajouter que la plupart de ces régiments n'eurent guère de répit et qu'aussitôt organisés ils étaient dirigés sur les champs de bataille.
DRAPEAUX ET ÉTENDARDS
Par décret du 30 juin 1804, Napoléon remplace la pique républicaine par un aigle foudroyant en cuivre doré au sommet de la hampe des drapeaux et des étendards. La plupart des corps de la Vieille Garde paraissent avoir eu un drapeau ou un étendard de couleurs différentes et particulières jusqu'en 1807; ce n'est guère qu'après les campagnes de Prusse et de Pologne qu'ils durent recevoir l'aigle aux couleurs nationales.
L'Etendart du 2ème Régiment
Des Grenadiers A Pied De La Garde